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La série Forever sur Netflix: la tendresse en héritage

  • Photo du rédacteur: Dominique Bergiers
    Dominique Bergiers
  • 15 mai
  • 4 min de lecture

Dernière mise à jour : 21 mai

Une lettre d’amour à nos enfants, à nos communautés, à nous-mêmes


Il y a des séries qu’on regarde.

Et puis, il y a celles qu’on ressent dans sa chair.

Forever fait partie de ces œuvres rares qui ne se contentent pas de raconter une histoire. Elle nous regarde, nous touche, nous serre un peu le cœur, comme pour nous rappeler: Tu n’es pas seul. Ce que tu vis a du sens. Et surtout, tu mérites d’être vu avec tendresse.


Dès les premiers épisodes, quelque chose se passe. Entre sourire et larmes, on se reconnaît. Tantôt dans l’enfant qui lutte pour se concentrer. Tantôt dans le parent qui tente de tout contrôler. Dans cette maman épuisée mais digne. Et puis, tout simplement, dans un éclat de rire, celui d’un garçon noir qui, l’espace d’un instant, est juste… un enfant.



Une tendresse rare à l’écran: la parentalité noire en lumière


Forever déploie, avec grâce et finesse, la complexité douce et nuancée de la parentalité noire. Une réalité que la fiction nous refuse trop souvent.

Pas de caricature. Pas d’archétype figé. Juste des parents, avec leurs doutes, leurs espoirs, leurs maladresses et leur amour inconditionnel.


Et le papa... Il est juste bouleversant. D’une douceur désarmante, il incarne une masculinité solide et tendre à la fois. Une figure rassurante, attentive, aimante. Celle que tant d'entre nous essaient d'incarner en tant que parents, malgré le poids de nos héritages et de nos peurs.


La peur. Un sentiment qu'on connaît bien. La peur qui pousse parfois à l’hyper-contrôle, à la surprotection. Tout vouloir cadrer... Parce qu’on sait. Parce qu’on a vu. Parce qu’on comprend ce que le monde peut faire à nos enfants, qu'ils soient racisés, neurodivergents, sensibles, ou tout cela à la fois. Alors on veut les protéger. Les préparer. Et parfois, on se perd un peu dans cette vigilance constante. Forever montre cela avec une infinie délicatesse. Sans jugement. Sans lourdeur. Juste avec vérité.



L’enfant noir intérieur


Ce qui émeut tant dans cette série, c’est aussi la façon dont elle parle à l’enfant que nous avons été.

Celui ou celle qui n’a pas toujours su mettre des mots sur ses émotions. Qui a peut-être grandi trop vite. Qui, trop souvent, n’a pas été cru ou écouté. Et qui aujourd’hui, élève et éduque à son tour, malgré les failles.


Dans chaque scène, il y a un écho. Une reconnaissance. Une réparation, parfois. Parce qu’en regardant ces enfants-là, on réapprend à s’écouter nous-mêmes. À soigner les fêlures. À offrir à nos propres enfants ce qu’on aurait aimé recevoir.



Neurodivergence, nuance et authenticité


Il faut souligner avec force la justesse avec laquelle Forever parle de neurodivergence. Rien n’est surjoué, exagéré, ou pathologisé.

On voit un enfant qui essaie. Qui décroche. Qui s’agite. Qui doute. Qui rêve. Et surtout, qui vit.


Et cette humanité-là, c’est peut-être ce qui manque le plus dans la représentation des enfants noirs, et des enfants neurodivergents en particulier. Trop souvent perçus à travers le prisme de la discipline, de la violence supposée, ou du “problème à régler”.

Ici, on voit un enfant.

Point.

Et ça change absolument tout.



Black Joy, Black Girl Magic, et Black Boy Joy


Il y a une scène, dans la cuisine, où la mère devine la raison pour laquelle son fils semble soudainement motivé, inspiré, plus confiant.

Un sourire complice traverse son visage. Elle dit: "He got a Black girl!" (Il a une petite amie noire!)


Ce moment-là, c’est de la magie pure.

Pas seulement pour ce qu’il révèle sur l’amour adolescent. Mais pour la façon dont il célèbre, sans détour, la puissance de la Black Girl Magic. Celle qui élève. Qui soigne. Qui transforme.


Et puis, cette série, c’est aussi une incarnation pure de Black Boy Joy. Juste magique. Ces moments de jeu, de rires, de passion pour le basket, de rêves fous. Ces moments où les garçons noirs ne sont pas définis par leur dangerosité supposée ou par leurs échecs, mais par leur humanité pleine et entière. Par leur beauté simple, lumineuse. Et ça, c’est rare. Et c'est précieux.



Un miroir transatlantique


Oui, la série se déroule aux États-Unis. Oui, elle parle d’une réalité afro-américaine.

Pourtant, ceux d’entre nous qui élèvent des enfants afrodescendants en Europe ne connaissent que trop ces dynamiques. Ce poids invisible. Ce désir si viscéral de bien faire. Accompagner sans écraser. Transmettre sans enfermer.


On se reconnaît dans les peurs, dans les choix éducatifs, dans les silences aussi. Et surtout, dans la manière dont cette série redonne de la dignité à nos histoires. À nos intérieurs. À nos sensibilités.



Ce que Forever nous donne. Et ce que l’on choisit d’en faire.


Forever est bien plus qu’une série.

C’est une lettre d’amour à nos enfants, à nos familles, à nos communautés.

C’est un miroir tendre, tendu à celles et ceux qui avancent avec leurs fêlures et leurs espoirs.

C’est aussi, et surtout, un plaidoyer, puissant et touchant, pour plus de nuance, plus de représentations vraies, plus de récits où nous existons autrement.


Et si nous choisissons de recevoir ce cadeau à bras ouverts, comme une invitation, un appel, alors peut-être qu’à notre tour, nous pourrons continuer à écrire, créer, aimer, éduquer, et transmettre avec autant de vérité.


Pas en étant parfaits.

Mais présents.

Pleinement.

Pour de vrai.



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Carnet de route:

Ce texte a été écrit à mi-parcours de la série, sans en connaître encore la fin. J'ai intentionnellement voulu capturer, figer presque, ce que cette série a éveillé en moi, avant même de savoir où elle m’emmènerait. Parce que parfois, c’est ce qu’on ressent en chemin qui compte le plus. Peut-être que la fin fera débat. On en rediscutera.

Rendez-vous pour une partie 2?


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