Pour Ihsane, ma sœur. Et pour toutes celles qu’on veut invisibiliser.
- Dominique Bergiers
- 15 juin
- 2 min de lecture

Je vois une femme. Je vois une maman. Je vois un être humain. Je vois Ihsane.
Mais je vois aussi le torrent de haine qui s’abat sur elle, encore une fois.
Des mots immondes. Des attaques racistes, islamophobes, sexistes. Des insultes qui prétendent s’inquiéter de la démocratie alors qu’elles en piétinent chaque valeur.
Ihsane Haouach a été nommée au comité belge de la SCAM. Une organisation qui défend les auteurs, les autrices, les créateurs. Et à cette nomination, certains répondent par l’insulte, par la calomnie, par l’indignité.
Mais qu’est-ce qui dérange, au fond? Son voile? Ou le fait qu’elle soit là où certains estiment qu’elle ne devrait pas être? Le fait qu’elle pense, qu’elle parle, qu’elle écrive, qu’elle crée, qu’elle challenge?
Je n’ai pas de religion. Je ne suis même pas vraiment croyante. Et pourtant, je me sens profondément concernée.
Parce que ce n’est pas son voile qu’on attaque. C’est sa présence. C’est ce qu’elle représente.
Une femme. Une femme racisée. Une femme debout. Une intellectuelle. Qui pense, qui parle, qui écrit, qui agit. Une femme qui a le courage d’affirmer qui elle est, avec dignité et fierté.
Et ça, dans notre société, ça ne passe toujours pas.
Les femmes comme nous ne sont acceptées que si elles se taisent, si elles baissent la tête, si elles sont dociles, reconnaissantes, subalternes.
Mais une femme racisée qui incarne de l’intellect, de la puissance, de la nuance, de l’amour même?
Non. Là, ça ne va pas. Là, on crache. Là, on insulte.
Mais cette femme c’est aussi une mère. Une fille. Une amie.
Quelqu’un de profondément humain, généreux, courageux.
Et, derrière, il y a des enfants qui lisent les horreurs écrites sur leur maman.
Mais bon sang! Où est votre humanité?
Et où sont les femmes, d’ailleurs??
Où sont celles qui crient à la sororité mais se taisent quand une femme comme Ihsane est piétinée publiquement?
Où est la solidarité quand elle ne porte pas les bons codes? Quand elle ne rentre pas dans les cases prévues par un féminisme blanc, laïque, bourgeois?
Être attaquée par des hommes, on s’y attend.
Mais être abandonnée, ou pire, accusée, par celles qui se disent nos sœurs?
C’est une autre violence. Une blessure plus intime. Plus sourde. Plus lâche.
Parce que ce qui gêne vraiment, ce n’est pas juste qu’elle soit une femme. C’est qu’elle soit une femme racisée, musulmane, debout.
C’est qu’elle soit une femme qu’on ne peut ni “éduquer”, ni “sauver”, ni dominer finalement.
Et là, le féminisme blanc vacille, parce qu’il ne sait plus où se placer.
Mais moi, je la vois, Ihsane. Je la reconnais comme ma sœur.
Pas malgré ses différences. Mais à cause de ce qu’elle incarne:
La liberté. La complexité. Le courage. La dignité.
Ce que vit Ihsane Haouach est abject. Et je le dis sans détour : je me tiens à ses côtés.
En tant que femme, en tant que mère, en tant que personne engagée. Je suis fière de son courage. De l’amour qu’elle incarne.
Et sans doute que ceux qui ne l’aiment pas sont les mêmes qui ne m’aiment pas non plus.
Mais vous savez quoi? Tant mieux. Parce que ça veut dire qu’on touche juste.
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